Didier Bazin s'exprime dans la Veille documentaire ESF
Les publics que l’on accompagne sont parfois désocialisés, isolés. Cette réalité de terrain est peut-être encore plus prégnante pour les personnes en prison ou en Milieu Ouvert. L’Association Nationale des Visiteurs des Personnes sous main de justice est là pour pallier cette problématique. Interview avec Didier Bazin, membre et visiteur de l’ANVP.
VDE - Comment est née l'ANVP, quel a été le point de départ de sa création ?
D.B - L’ANVP est la seule association nationale de visiteurs de personnes sous main de justice. Créée en 1932, elle a été reconnue d’utilité publique en 1951. Elle a signé en 1995 une convention avec le ministère de la Justice qui la reconnaît comme partie prenante de la mission de l’Administration Pénitentiaire. En 2002, l’ANVP a été agréée en tant qu’association nationale de jeunesse et d’éducation populaire.
Les bénévoles réalisent des visites aux personnes sous main de justice. Quel est l'intérêt de ces temps de rencontre ?
Nous offrons un temps de parole en Milieu Fermé « Une heure de liberté de parole dans un lieu de privation de libertés ». Et que ce soit en Milieu Fermé ou en Milieu Ouvert, notre mission s’insère dans une temporalité, pour accompagner le maintien de la personne au sein de la cité ; un rendez-vous, qui permet à la citoyenne/au citoyen de rester debout.
Est-ce obligatoirement des visites en prison ?
Depuis le 1er Janvier 2022, nous avons changé de nom « Association Nationale de Visiteurs de Personnes sous main de justice » - toujours ANVP - pour accompagner également en Milieu Ouvert, les personnes qui, soit sortent de prison, soit sont sous main de justice, sans placement en milieu carcéral. Ces dernières restent socialement pauvres, et notre accompagnement doit contribuer au dynamisme de socialisation, et lutter contre la récidive.
Comment créez-vous le premier contact ?
Les personnes en Milieu Fermé que nous rencontrons, sont tous à l’origine de ce moment de partage. En effet, chaque personne incarcérée peut demander à rencontrer un visiteur de prison. Le SPIP nous l’attribue et le premier contact est à notre initiative, en fonction de la disponibilité du/de la bénévole et un temps fixe hebdomadaire sera conjointement arrêté. Pour le Milieu Ouvert, c’est également le SPIP qui organise la rencontre.
Comment se passent les visites ?
En Milieu Fermé, les visites se déroulent au parloir avocat, de façon hebdomadaire, d’une durée d’une heure environ. En Milieu Ouvert, les rencontres se font le plus souvent dans un lieu neutre, en fonction des besoins, dans un cadre conjointement élaboré ; à noter qu’un téléphone dédié est prévu dans les modalités.
Est-ce sur la base du volontariat des personnes sous main de justice, du "repérage" de besoin avec les professionnels en lien avec ce public ?
Les personnes incarcérées sont à l’origine des rencontres en Milieu Fermé, via le SPIP pour le Milieu Ouvert.
Y a t-il une durée obligatoire, une fréquence fixée ?
Les rencontres en Milieu Fermé sont à un rythme hebdomadaire (parfois bi hebdomadaire), et en Milieu Ouvert, en fonction des besoins de la personne sous main de justice.
De quoi peuvent parler les bénévoles ?
Connaissez-vous les antécédents des personnes sous main de justice ?
Tous les sujets peuvent être abordés. Nous n’avons pas à avoir connaissance de leurs antécédents, nous ne réduisons pas une personne à un acte. Néanmoins, le sujet est souvent abordé.
Quelle suite à ces visites, après leurs peines ?
Notre mission est liée à leur statut « sous main de justice ». Pour le Milieu Fermé, si la personne incarcérée est transférée dans un Centre de Détention, la visite prend fin immédiatement. Si elle sort en MO, comme pour les autres accompagnements, elle peut se prolonger, en fonction des sollicitations du SPIP.
Avez-vous pu développer des méthodes, des outils d'accompagnements et lesquels ?
L’ANVP propose à tous ses membres des formations dédiées : environnement du visiteur, en amont de la première visite et 2 journées « Ecoute et Accompagnement » au démarrage le plus souvent, des séances d’analyse de pratique, ou des groupes de parole, sont mis en place régulièrement. D’autres formations sont également proposées : juridiques, addictions, perfectionnement, etc...
Comment avez-vous pu soutenir ce public durant la crise sanitaire, notamment pendant le confinement ?
Des dispositifs innovants ont été mis en place : ligne téléphonique spéciale avec un membre de l’association qui répercutait les conversations aux bénévoles concernés, boite aux lettres par section pour favoriser un autre type d’échanges, courriers quand c’était possible, etc...
Y a-t-il des lois, des politiques en vigueur soutenant vos actions ?
Notre mission s’inscrit dans un cadre définit par une convention signée par le Directeur de l’Administration Pénitentiaire Monsieur RIDEL et le Président de l’ANPV, Monsieur BRIENT, le 27/10/2021.
ANVP et Administration pénitentiaire
30/08/2022